Savoir gérer l’imprévu

Savoir gérer l’imprévu

Nous devons tous, à un moment ou un autre, faire face à un évènement imprévu et lorsque cet évènement est une mauvaise surprise, notre réponse émotionnelle peut avoir un impact déterminant sur le déroulé des évènements……mais en ces instants de décision, pensons-nous vraiment à faire le meilleur choix ?reagir-2

Pour illustrer mon propos, je vais vous raconter une histoire qui m’est arrivée il y a quelques années et dont les enseignements que j’ai choisi de retenir ont depuis marqué mon mode de pensée.

A la fin de cette histoire, je récapitule les leçons que j’en ai tirées.

1/ Arrivée à l’aéroport de Fidji : 1ière situation imprévue :

Je me rendais aux Iles Fidji pour assister à un séminaire de développement personnel dans un endroit paradisiaque. C’était mon 3e voyage aux Fidji en 18 mois et j’attendais avec impatience de retrouver ce beau pays aux habitants si chaleureux.

Arrivé à l’aéroport en provenance de Londres via les Etats-Unis, je me suis dirigé au comptoir de l’immigration comme d’habitude……mais ce qui a suivi n’a plus rien eu d’habituel !

Le douanier a regardé mon passeport……puis a quitté son comptoir avec pour aller en discuter avec un collègue.  Tiens, me suis-je dit, que fait-il?

Au bout de deux minutes, il revient et me demande de me mettre sur le côté de la file et d’attendre. Je lui demande ce qu’il y a et il me répond qu’il doit vérifier mon passeport plus en détail.

En fait, la photo de mon passeport se décollait (c’était avant les passeports biométriques!) et j’ai compris que la police des frontières cherchait à voir si la photo avait été changée ou non et si j’étais donc bien le vrai titulaire du passeport.

Comme les contrôles prenaient du temps, on m’a emmené dans une salle attenante en me demandant d’attendre. Je me suis donc retrouvé assis à côté d’un homme d’affaires qui lui venait du Bangladesh et n’avait apparemment pas un bon visa d’entrée.

C’est à ce moment que j’ai commencé à écrire dans mon journal ce qui m’arrivait (j’écrivais toujours un journal pour mes voyages)…..et j’ai écrit textuellement « je sais que tout va bien se passer et je vais rester calme en toutes circonstances ». Comme le temps passait, mon compagnon d’infortune commença à s’impatienter et à râler, en demandant à pouvoir téléphoner, qu’on ne pouvait pas le garder ici indéfiniment, etc.

Au bout d’une heure environ, le responsable du bureau d’immigration est venu nous voir pour nous signifier que nous n’étions pas autorisés à pénétrer sur le territoire fidjien et que nous devions soit accepter de reprendre l’avion pour retourner à notre destination d’origine, soit être transférés dans un centre de détention en attendant que nos ambassades respectives puissent confirmer nos papiers et nos identités. En cas de détention, nous devions aussi payer les frais associés car les compagnies aériennes ne voulaient rien prendre en charge.

2/ Un petit tour au centre de détention : succession d’évènements déconcertants

Nous avons tous les 2 choisis la détention, mais tandis que je restais calme et courtois, l’homme d’affaires lui continuait de râler, de demander à parler à un autre responsable. On nous a donc escorté pour récupérer nos bagages et nous avons été dirigés dans une voiture conduite par le responsable de l’immigration…accompagné de son jeune fils d’une douzaine d’année et d’un officier de police. Nous voilà donc tous les 5 en route pour le centre de détention situé à une petite dizaine de kilomètres de l’aéroport; moi assis devant à coté du responsable de l’immigration qui conduisait. L’homme d’affaires continuait de pester sur le siège arrière et je voyais bien que cela agaçait le conducteur qui se mit à me faire la conversation, ignorant totalement ce compagnon d’infortune.

Le conducteur me demanda entre autre si j’avais déjeuné (il faut dire qu’il était environ 12heures localement). Je lui répondis que non puisque nous avions débarqué vers 9h du matin. A ma grande surprise, le conducteur décida de s’arrêter dans un restaurant local sur la route pour nous inviter à manger avant de nous transférer au centre de détention. Voilà donc que je me retrouve dans un petit restaurant fidjien, assis entre le responsable de l’immigration de l’aéroport et son fils d’un côté et de l’autre, un homme d’affaires du Bangladesh qui commande des boulettes de riz pour les manger avec ses doigts tandis que l’officier de police ne pipait mot…..et là je me dis que cette situation est assez cocasse!

Après avoir déjeuné et le responsable de l’immigration ayant réglé la note (y compris une grosse bouteille d’eau que j’ai demandé à emmener avec moi), nous sommes donc repartis pour le centre de détention. Sur le chemin, je demande si je serai autorisé à envoyer un email pour prévenir l’organisation du stage que j’aurai un empêchement. Le responsable de l’immigration me répond que c’est ok et que son fils m’accompagnera dans un café internet pour que je puisse envoyer mon message. De nouveau je suis agréablement étonné par la réponse.

Nous arrivons donc au centre et me voilà poussant ma valise entre les barreaux de l’entrée du centre en me demandant combien de temps je vais devoir rester là! Le centre est organisé par section, une pour les femmes, une pour les hommes et une pour les familles. On me met dans une pièce vide et on me demande d’attendre pendant que le responsable de l’immigration s’occupe de l’homme du Bangladesh. Au bout de 20 minutes, il revient vers moi et me demande si j’ai une réservation d’hôtel pour le soir même. Un peu surpris de sa question à laquelle je ne m’attendais pas, je lui réponds que oui, que je ne peux l’annuler si tard et que je vais sans doute être prélevé du montant de la nuitée. C’est alors qu’il me propose de rester tout le weekend à résidence à l’hôtel avec interdiction de le quitter avant le lundi matin où une voiture de police viendrait me chercher à l’aube pour m’emmener au consulat de France (nous étions vendredi). J’accepte aussitôt cette offre inespérée en étant de nouveau très étonné!

Me voilà donc poussant à nouveau ma valise entre les barreaux pour sortir du centre de détention moins d’une heure après y être entré….je suis tout seul, mon compagnon d’infortune n’ayant apparemment pas eu la même offre! Est-ce parce que je suis toujours resté calme et courtois malgré une situation plutôt angoissante et surtout déconcertante ? J’ai choisi de croire que oui!

 3/ Mise en résidence surveillée à l’hôtel :

Une fois sorti du centre, 2 policiers me conduisent à l’hôtel que j’avais réservé…tout en me demandant en route de leur payer un bakchis! Nous arrivons en même temps qu’un groupe de touristes. Nous voulant manifestement pas faire la queue, les 2 policiers me prennent chacun par un bras et et me poussent devant le comptoir d’enregistrement. Et me voilà dans une autre situation cocasse, où n’étant pas autorisé à toucher mon passeport, et un peu honteux d’être aussi bien entouré, je dois expliquer à l’hôtesse d’accueil que je dois prolonger ma réservation de 2 nuitées supplémentaires. Visiblement un peu gênée, elle me répond que l’hôtel est complet et qu’elle ne peut enregistrer le paiement de la nuit réservée, car ma carte bancaire semble avoir été bloquée…..Alors comment auriez-vous réagi?

je vous épargne les détails, mais avec l’aide de l’hôtesse et après quelques coups de fil à ma banque, j’ai réussi à trouver un autre hôtel pour m’héberger pour le weekend et à me débarrasser de mes gardes du corps.

4/ En route pour le consulat de France :

[emaillocker id=1090]Le lundi à 5h du matin, je monte dans la voiture de police sensée m’emmener au consulat de France….à 3 heures de route. Il fait encore nuit noire et après avoir vérifié que les policiers ont bien pris mon passeport, on se met en route……

5h05 Accident de voiture! le chauffeur n’a pas vu un gros rocher tombé au milieu de la route et la voiture s’est empalée dessus! …. Nouvelle situation cocasse, comment réagiriez-vous ?

Mes accompagnateurs s’engueulent, on est obligé d’appeler la sécurité de l’hôtel pour nous aider à soulever la voiture et retirer le rocher. Je me dis que la voiture ne va pas redémarrer et qu’il doit certainement avoir eu du grabuge sous le châssis, mais miracle! la voiture repart. Arrivé au consulat, on me donne un laissez-passer pour rentrer en France et y refaire mon passeport…Seulement je ne veux pas de laissez-passer, je veux un nouveau passeport. Alors là on me dit que cela va prendre encore une semaine pour avoir un passeport d’urgence valide un an et qu’il faut que je revienne ce qui ne m’arrange pas du tout, car je suis censé être sur une autre île….

Mes gardes du corps pensant que j’aurai eu un nouveau passeport, ne savent pas quoi faire de moi et puisque nous sommes dans la capitale, ils décident de m’emmener au ministère de l’intérieur.

5/ Entretien au ministère de l’Intérieur :

Arrivé au ministère, on me fait attendre dans un bureau et au bout de 10 minutes, un homme vient à ma rencontre avec un café et me demande de lui raconter mon histoire. Alors, je commence à lui détailler mes péripéties depuis mon arrivée à l’aéroport et là il commence à sourire puis à rire. Mon histoire terminée, il me demande mon laissez-passer et y appose sa signature en me disant « je suis le responsable de l’immigration au ministère et avec ma signature, vous pouvez vous déplacer entre les îles Fidji comme bon vous semble »!

J’ai pu ainsi rejoindre le lieu de mon séminaire et suis repassé au consulat à la fin de mon séjour pour récupérer un passeport tout neuf et ainsi continuer mes aventures en faisant l’ascension du Kilimandjaro en Tanzanie juste après…..expérience que j’aurai du certainement annuler s’il avait fallu que je rentre par Paris pour refaire un passeport.

6/ Epilogue et enseignements :

Même après plusieurs années, cette histoire me fait toujours sourire et bien que j’ai depuis oublié le nom de cet officier de l’immigration, je lui suis infiniment reconnaissant pour son attitude envers moi.

J’ai tiré 2 enseignements de cette expérience :

– De l’importance de rester calme et d’établir un bon rapport à l’autre dans toute circonstance: A chaque imprévu dans mon histoire, j’ai eu le choix de mes réactions, j’aurai pu râler, blâmer les circonstances, me plaindre comme l’homme d’affaires du Bangladesh….et passer mon week-end en détention. J’ai au contraire choisi de rester calme et ouvert avec mes interlocuteurs ce qui a permis de créer un climat de confiance qui m’a été bénéfique plutôt que de réagir dans l’instant avec mes nerfs.

– C’est à nous de donner un sens positif à ce qui nous arrive: j’ai raté la moitié de mon stage avec cette aventure mais j’ai vécu des moments étonnants et complètement imprévus. Le concours de circonstances a fait que j’ai pu obtenir rapidement un nouveau passeport ce qui m’a permis de poursuivre tous mes voyages prévus. Si les services de l’immigration de Fidji ne m’avaient pas retenu, les autorités tanzaniennes l’auraient sans doute fait par la suite et je ne suis pas du tout sûr que cela se serait si bien passé. On ne sait jamais ce que nous réserve le destin mais dans ces moments-là, il faut juste savoir faire confiance car plus tard on comprendra mieux pourquoi il fallait passer par là pour permettre autre chose de se réaliser. [/emaillocker]

Alors, pensez à cette histoire lorsqu’un imprévu vous arrivera et donnez un sens positif à l’évènement ! Vous ne vous en porterez que mieux !

Antoine

4 réactions au sujet de « Savoir gérer l’imprévu »

  1. Quelle histoire ! J’imagine la grande aventure ou plutôt la mésaventure que vous avez vécue. Oui le positif attire le positif. C’est toujours bénéfique de rester calme. L’énervement ne résoudra rien. La courtoisie est aussi un excellent outil pour être apprécié des autres.

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